- par Hamza Andreas Tzortzis
Description: L’existence de Dieu n’a pas besoin d’être prouvée. Partie 1 : la croyance en Dieu est une certitude immédiate et les certitudes immédiates dépassent les cultures, sont innées et sont à la source d’une vision cohérente du monde.
Dieu existe-t-Il? C’est la question que je débats constamment avec des universitaires athées. La discussion est souvent entamée sous divers prétextes, mais la prémisse est toujours la même : Dieu existe-t-Il et quelles sont les preuves qui étayent cette croyance?
En fait, je dirais que nous n’avons besoin d’aucune preuve de l’existence de Dieu. C’est la question elle-même qui doit être débattue. La question ne devrait pas être « Dieu existe-t-Il? », mais plutôt « quelles raisons avons-nous de nier Son existence? ».
Maintenant, comprenez-moi bien : je crois qu’il existe plusieurs preuves et arguments qui soutiennent la croyance en Dieu. Ce que je dis, toutefois, c’est que nous n’avons besoin d’aucune preuve pour démontrer Son existence; Dieu est une croyance axiomatique. Autrement dit, l’existence de Dieu est une certitude immédiate, appelée aussi croyance de base.
L’idée des certitudes immédiates est acceptée de tous. Prenez la science, par exemple : la science prend la réalité du monde pour une certitude immédiate, i.e. qu’elle croit que le monde est réel. Autrement dit, le monde physique est séparé et extérieur à notre esprit et à notre pensée.
Alors vous vous dites, par exemple : « Je crois que le monde réel est réel, puisque je peux le toucher et le sentir. Je crois aussi que le monde est réel parce que les gens, autour de moi, me confirment qu’il est aussi réel et tangible, pour eux, qu’il l’est pour moi. »
Vous ne possédez pas de preuves concrètes de la réalité du monde autour de vous. Les preuves basées sur l’expérience ne sont pas fiables, car l’expérience peut n’être produite que par votre cerveau. Les preuves basées sur la philosophie ou sur la logique complexe sont aussi des produits de l’esprit. Le monde extérieur peut n’avoir aucune existence réelle à part celle qui a lieu dans votre cerveau.
En lisant cela, vous avez peut-être envie de demander des preuves, i.e. des preuves que le monde réel est extérieur à votre cerveau… mais nous n’en avons pas. En fait, nous n’en avons pas besoin. Et c’est pourquoi nous appelons un axiome la croyance au monde réel, une certitude immédiate, ou croyance de base. Par conséquent, je dirais que nier l’existence de Dieu équivaut à nier la réalité du monde, car ce sont deux certitudes immédiates.
Et il existe de nombreuses autres certitudes immédiates auxquelles nous croyons, incluant :
•L’existence d’autres esprits que le nôtre
•L’existence de valeurs morales objectives
•L’existence de vérités logiques
•La validité de notre raisonnement
•La loi de causalité
Les certitudes immédiates, les axiomes et les croyances de base dépassent les cultures, ils sont innés et sont à la source d’une vision cohérente du monde. Ces caractéristiques des certitudes immédiates seront expliquées plus loin, lorsque nous répondront aux objections à cet argument.
Objection #1 : Que dire de la grande citrouille ou du monstre spaghetti?
Certains athées ou sceptiques diront : « Mais que dire de la grande citrouille ou du monstre spaghetti? » Par cela, ils laissent entendre que si Dieu est une certitude immédiate, pourquoi est-ce que la grande citrouille ou le monstre spaghetti ne seraient pas, eux aussi, des certitudes immédiates?
Il y a trois façons de répondre à cette fausse assertion :
1. Une croyance dépassant les cultures : Le « monstre spaghetti » et la « grande citrouille » ne sont pas des croyances naturelles [1]; elles sont liées à certaines cultures, où l’on inculque ce genre de choses aux enfants. Mais l’idée de Dieu, l’idée sous-jacente d’un créateur, d’une cause supranaturelle à l’existence de l’univers, dépasse les cultures, les transcende, tout comme la croyance en la loi de causalité ou en l’existence d’autres esprits que le nôtre.
2. Une croyance innée : Les croyances de base, les croyances axiomatiques et les certitudes immédiates n’ont pas besoin de transfert d’information. Pour comprendre ce qu’est un monstre spaghetti, j’ai besoin qu’une information me soit transmise; j’ai besoin qu’on m’instruise sur la cuisine occidentale et sur la culture italienne. Quant à l’idée de l’existence de Dieu en tant que créateur de l’univers, je n’ai pas besoin que l’on me transmette d’informations, culturelles ou éducatives. C’est pourquoi les sociologues et anthropologues avancent que même si des enfants éduqués dans l’athéisme étaient isolés sur une île déserte, ils finiraient par croire que quelque chose a créé l’île sur laquelle ils se trouvent.[2]
Cela est très important à comprendre, car nous entendons souvent cet argument voulant que « croire en Dieu est comme croire au monstre spaghetti ». Et c’est tout simplement faux. Si vous comprenez le concept de certitude immédiate et de croyances de base, vous comprenez alors qu’elles n’ont pas besoin de transfert d’information comme c’est le cas des monstres, des spaghettis et des « monstres spaghetti ». Par conséquent, le monstre spaghetti n’est pas une certitude immédiate.
3. La source d’une vision cohérente du monde : Le troisième point est que les croyances axiomatiques et les croyances de base sont à la source d’une vision cohérente du monde. Elles répondent aux questions et facilitent l’apprentissage. Par exemple, l’existence de Dieu explique le fait que nous avons une conscience au sein d’un monde matériel.[3] Elle répond aux questions pour lesquelles nous n’avons pas de réponses, comme la question de la langue (en ce moment, l’évolution ne peut expliquer le développement du langage). [4] Elle explique également l’existence de vérités morales objectives et explique pourquoi les choses se produisent.
Appliquons cela à une autre certitude immédiate : la validité de notre raisonnement. Se fier à notre raison et le fait que nous pouvons raisonner est une croyance de base. Si nous n’adhérions pas à une telle croyance, comment pourrions-nous nous fier à notre raison? Comment pourrions-nous raisonner? Comment pourrions-nous comprendre l’univers et nous comprendre nous-mêmes? Ces questions indiquent la nature basique de la validité de notre raisonnement.
L’existence de Dieu procure un fondement pour une vision cohérente du monde, facilite l’apprentissage et répond aux questions fondamentales. Une croyance au monstre spaghetti ou à la grande citrouille ne procure de fondement que pour une bonne rigolade.
NOTE DE BAS DE PAGE:
[1]Is Belief in God Properly Basic. Alvin Plantinga. Noûs. Vol. 15, No. 1, 1981 A. P. A. Western Division Meetings (Mar., 1981), pp. 41-51. http://www.jstor.org/stable/2215239.
[2]BBC Radio 4 Today, 24 November 2008 http://news.bbc.co.uk/today/hi/today/newsid_7745000/7745514.stm. 17 décembre 2014.
[3]Pour plus d’infos, voir: “Consciousness and the New Scientist Magazine”, Hamza Andreas Tzortzis, 2014. http://www.iera.org/research/essays-articles/consciousness-and-the-new-scientist-magazine-reflections-on-false-materialist-assumptions-hamza-tzortzis. 17 Décembre 2014.
[4]” Cela met en relief un important défi auquel doit faire face l’étude de l’évolution du langage : la nécessité d’une coopération entre les diverses disciplines et entre les chercheurs travaillant sur différents aspects du problème. Sans cette coopération, un compte-rendu satisfaisant de l’évolution du langage humain risque de nous échapper. ” ([Prefinal Draft] Kirby, S. (2007). The evolution of language. In Dunbar, R. and Barrett, L., editors, Oxford Handbook of Evolutionary Psychology, pp. 669–681. Oxford University Press.)
PARTIES DE CET ARTICLE