La biographie de Mohammed (partie 7 de 12) : Une nouvelle étape à Médine

par IslamReligion.com

Description: Les défis liés à l’établissement d’une nouvelle cité-État à Médine.

La pauvreté était le lot quotidien du prophète Mohammed.  Son repas principal était habituellement composé de gruau, de dattes et de lait, son seul autre repas de la journée étant composé de dattes et d’eau.  Mais il restait souvent sur sa faim, au point où il attachait une pierre plate sur son estomac pour en soulager la douleur.  Un jour, une femme lui donna une cape – dont il avait cruellement besoin – mais cette même journée, en soirée, quelqu’un la lui demanda pour en faire un linceul et il la lui donna.  Ceux qui avaient de petits surplus lui apportaient de la nourriture, mais il était rare qu’il la garde assez longtemps pour avoir le temps d’y goûter, car il trouvait toujours quelqu’un qui en avait encore plus besoin que lui.  Avec des forces physiques déclinantes – il avait maintenant cinquante-deux ans – il lutta pour bâtir une nation basée sur l’islam avec les personnes de tous genres dont Dieu l’avait entouré.

Doté d’une force de caractère alliée à des talents diplomatiques extraordinaires, le Prophète commença à réconcilier les différentes factions ennemies de Médine.  Avec l’arrivée continue de nouveaux émigrants, il devenait essentiel de créer un réseau de soutien pour ces nouveaux arrivants.  Afin que ces derniers s’intègrent plus facilement, il imagina un système de jumelage où chaque allié (ansar) prendrait un émigrant (mouhajiroun) comme frère, en ce sens qu’il le traiterait comme tel en toutes circonstances, jusqu’à le faire hériter de lui avec les autres membres de sa famille.  À l’exception de quelques-uns, les émigrants avaient tout perdu et étaient totalement dépendants de leurs nouveaux frères.  Certains Ansars allèrent même jusqu’à donner à leur nouveau frère la moitié de ce qu’ils possédaient en biens immobiliers, en actifs, en terres et en palmeraies.  Tel était l’enthousiasme des Ansars à l’égard de leurs frères en religion.  Dans la plupart des cas, ils s’efforcèrent de donner aux émigrants une part équitable de leurs biens.

On pourrait presque qualifier de miraculeux le fait que cette situation n’ait engendré aucun ressentiment chez ceux qui furent soudainement obligés d’accueillir chez eux de parfaits étrangers.  Ce lien fraternel remettait en question tous les liens ancestraux ou les liens basés sur la couleur, la nationalité et d’autres facteurs sur lesquels les Ansars fondaient leur honneur.  Les seuls liens qui importaient, désormais, étaient les liens basés sur la religion.  Rarement a-t-on vu, dans l’histoire, la force de la foi métamorphoser des hommes à ce point.

Les musulmans mecquois, cependant, n’avaient rien oublié de leur savoir-faire.  Un émigrant à qui son nouveau frère demanda : « Ô toi qui es pauvre, comment puis-je t’aider?  Ma maison et mes biens sont à ta disposition! » lui répondit : « Ô mon bon ami, montre-moi seulement le chemin pour me rendre au marché.  Le reste se fera tout seul. »  On raconte que cet émigrant commença par vendre du fromage et du beurre clarifié et eut bientôt suffisamment d’argent pour payer la dot d’une fille du coin.  Un peu plus tard, il fut même assez riche pour équiper une caravane de 700 chameaux.

De telles initiatives étaient évidemment encouragées, mais certains ne possédaient pas ce genre d’habiletés et n’avaient ni famille ni biens.  Ils passaient leurs journées dans la mosquée et le soir, le Prophète leur faisait rencontrer des Ansars.   Les gens les surnommèrent Ahl-ous-Souffa.  Certains mangeaient à la table du Prophète – quand il y en avait suffisamment – ou se nourrissaient d’orge grillé fourni par la communauté.

Durant la première année de son règne à Yathrib, le Prophète exigea un engagement solennel d’obligation mutuelle entre son peuple et les tribus juives de Médine et de ses environs, dans lequel toutes les parties acceptaient que tous jouissent du même statut en tant que citoyens, de même que d’une totale liberté religieuse, et que chacun défende les autres s’ils étaient attaqués.

Mais l’idée que les juifs se faisaient d’un Prophète était celle d’un homme qui les ferait régner sur les autres.  De plus, ils auraient voulu qu’il soit juif et non arabe.  Par ailleurs, les juifs avaient grandement profité des querelles entre les tribus arabes, car c’est à travers cette instabilité, dans la région, qu’ils s’étaient hissés au-dessus des autres dans le domaine du commerce.  Ils voyaient donc la paix entre les tribus de Médine comme une menace et non comme une bonne nouvelle.

Aussi, parmi les habitants de Médine, certains éprouvaient du ressentiment envers les nouveaux émigrants mais préféraient se taire pour un temps.  Le plus puissant d’entre eux, Abdoullah ibn Oubayy ibn Saloul, était fort mécontent de l’arrivée du Prophète, car il avait été le leader de Yathrib jusqu’à son arrivée.   Il avait accepté l’islam pour la forme, mais allait plus tard trahir les musulmans et devenir le leader de ceux qu’on appelait les « hypocrites ».

Leur haine commune du Prophète, des musulmans et de la nouvelle situation sociale et politique de Yathrib amena naturellement les juifs et les « hypocrites » à former une alliance.  Ils ne tarirent pas d’efforts pour éloigner les musulmans de l’islam, ourdirent toutes sortes de plans et de complots contre eux.  C’est pour cette raison qu’il est fréquemment fait mention des juifs et des hypocrites dans les sourates du Coran révélées à Médine.

La Qiblah

La Qiblah (i.e. la direction dans laquelle prient les musulmans) avait jusqu’alors été Jérusalem.  Les juifs s’imaginaient que ce choix sous-entendait une inclination vers le judaïsme et que le Prophète, d’une certaine façon, attendait leurs instructions.  Celui-ci, de son côté, souhaitait voir la Qiblah changée pour la Ka’aba, le premier endroit sur terre construit pour l’adoration de Dieu et reconstruit plus tard par Abraham.  Au cours de la seconde année après l’émigration, le Prophète reçut l’ordre divin de changer la Qiblah pour la Ka’aba, située à la Mecque.  Toute une partie de la sourate al-Baqarah se rapporte à cette controverse.

Les premières expéditions

Les premières préoccupations du Prophète, en tant que dirigeant, furent de permettre aux musulmans de prier ouvertement et en public et d’établir une constitution, tout en gardant à l’esprit la menace de Qouraysh, qui avait juré de mettre un terme à cette nouvelle religion.  Enragés que le Prophète ait réussi à émigrer à Médine, ils s’acharnèrent davantage sur les musulmans restés à la Mecque, les persécutant et les torturant sans relâche.  Et leurs complots diaboliques ne s’arrêtèrent pas là : ils tentèrent d’établir des alliances secrètes avec certains polythéistes de Médine comme Abdoullah ibn Oubayy, lui ordonnant de tuer ou d’expulser le Prophète.  Ils envoyaient régulièrement des lettres de menaces aux musulmans de Médine, leur annonçant leur destruction prochaine.  Tant de personnes rapportèrent au Prophète les complots des polythéistes qu’il demanda que des gardes soient positionnés autour de chez lui.  C’est à ce moment que Dieu donna aux musulmans la permission de prendre les armes contre les mécréants.

Durant treize ans, les musulmans avaient été de purs pacifistes.  Mais maintenant, ce n’était plus le cas; plusieurs petites expéditions furent envoyées, menées soit par le Prophète soit par un des émigrants de la Mecque, afin de reconnaître les routes menant à la Mecque et aller former des alliances avec d’autres tribus.  D’autres expéditions furent envoyées pour intercepter des caravanes revenant de Syrie et se dirigeant vers la Mecque, permettant ainsi aux musulmans d’exercer une pression économique sur Qouraysh afin qu’ils cessent de persécuter les musulmans, tant à la Mecque qu’à Médine.  Seules quelques-unes de ces expéditions dégénérèrent en batailles.  De façon générale, c’est par elles que les musulmans arrivèrent à établir leur nouveau statut dans la Péninsule Arabe; ils ne formaient plus un peuple faible et opprimé, ils étaient devenus plus forts et étaient devenus une puissance redoutable que leurs ennemis devaient se garder de sous-estimer.

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