par Laurence B. Brown, MD
Description: Une étude du concept de fils de Dieu à partir de sources chrétiennes. La signification de l’expression « fils de Dieu » dans l’Ancien et le Nouveau Testaments.
« La différence la plus frappante entre un chat et un mensonge est qu’un chat n’a que neuf vies. »
—Mark Twain, Pudd’nhead Wilson’s Calendar
Fils de Dieu, fils de David ou fils de l’Homme? Jésus est appelé « fils de David » quatorze fois dans le Nouveau Testament, entre autres dans Matthieu 1:1. L’évangile selon Luc mentionne 41 générations entre Jésus et David, tandis que Matthieu en mentionne 26. Comme Jésus n’est qu’un lointain descendant, on ne peut donc l’appeler « fils de David » que de façon métaphorique. Mais comment sommes-nous censés comprendre le titre de « fils de Dieu »?
Le « trilemme », une approche fréquemment utilisée par les missionnaires chrétiens, propose que « Jésus était soit un lunatique, soit un menteur, ou alors fils de Dieu, comme il l’affirmait ». Pour le bien fondé de l’argument, admettons que Jésus n’était ni un lunatique ni un menteur. Admettons également qu’il était exactement ce qu’il affirmait être. Mais qu’était-ce, au juste? Jésus s’est lui-même appelé « fils de l’Homme » de façon régulière, en insistant parfois sur ce terme; mais où s’est-il attribué le nom de « fils de Dieu »?
Faisons marche arrière une minute. Quel sens doit-on donner, tout d’abord, à l’expression « fils de Dieu »? Aucune secte chrétienne ne serait prête à affirmer que Dieu a pris épouse et qu’Il a eu un enfant. De plus, laisser sous-entendre que Dieu se serait accouplé avec un des éléments de Sa création dépasse tellement les limites de la tolérance religieuse que cela équivaut à dégringoler la pente escarpée du blasphème.
Les principes de la doctrine chrétienne ne nous offrent aucune explication acceptable à ce sujet et la seule façon qu’ils aient trouvée de clore le débat est en faisant allusion, une fois de plus, au grand mystère de la foi. Mais les musulmans leur rappellent alors la question posée par Dieu Lui-même, dans le Coran :
« … comment aurait-Il un enfant alors qu’Il n’a pas de compagne ? » (Coran 6:101)
… et certains leur répondent : « Mais Dieu est capable de tout! ». La position islamique, cependant, est que Dieu ne fait rien que l’on pourrait juger inconvenable et qu’Il ne fait que des choses qui siéent à Sa majesté. Du point de vue islamique, le caractère de Dieu fait partie de la totalité de Son Être et il est en harmonie avec Sa majesté.
Alors encore une fois, quel sens doit-on donner à l’expression « fils de Dieu »? Et d’abord, si Jésus avait un droit exclusif au titre, pourquoi trouve-t-on dans la Bible des versets tels que : « Car Je suis un père pour Israël, et Éphraïm est Mon premier-né. » (Jérémie 31:9) et « Ainsi parle l’Éternel : « Israël est Mon fils, Mon premier-né. » (Exode 4:22) Dans le contexte de Romains 8:14, qui dit : «… car tous ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu », plusieurs érudits concluent que « fils de Dieu » est une expression métaphorique et que, comme christos, elle ne sous-entend pas une exclusivité. Après tout, le Oxford Dictionary of the Jewish Religion confirme qu’en langue juive, l’expression « fils de Dieu » est clairement utilisée de façon métaphorique. Quant à lui, le Hasting’s Bible Dictionary, au sujet de la citation suivante : « L’expression « fils de Dieu », que l’on retrouve de façon occasionnelle dans la littérature juive, biblique et post-biblique, ne signifie en aucun cas la descente physique, [sur terre], de Dieu Lui-même » commente comme suit :
En langue sémitique, « fils de Dieu » est utilisé au sens large pour indiquer une relation morale plutôt que physique ou métaphysique. Ainsi, les « fils de Bélial » (Juges 19:22, etc) sont des hommes mauvais et non pas des descendants de Bélial. Alors un « fils de Dieu » est un homme, ou même un peuple, qui reflète le caractère de Dieu. Il n’existe pratiquement aucune preuve voulant que l’expression ait été utilisée dans les cercles juifs du Messie, et son utilisation dans un sens allant au-delà de la relation morale aurait été contraire au monothéisme juif.[1]
Quoi qu’il en soit, la liste des candidats au titre de « fils de Dieu » commence avec Adam, si l’on se fie à Luc 3:38 : « …Adam, qui était lui-même fils de Dieu… »
Ceux qui réfutent cela en citant Matthieu 3:17 (« En même temps, une voix venant du ciel fit entendre ces paroles: « Celui-ci est Mon Fils bien-aimé, celui qui fait toute Ma joie. ») oublient que la Bible accorde à plusieurs personnes le titre de « fils de Dieu », dont Israël et Adam. II Samuel 7:13-14 et I Chroniques 22:10 vont tous deux comme suit : « C’est lui qui construira un temple en Mon honneur et Je maintiendrai à toujours son trône royal. Je serai pour lui un père, et il sera pour Moi un fils. »
Des nations entières sont appelées « fils » ou « enfants » de Dieu. Par exemple :
Genèse 6:2 – « les fils de Dieuvirent que les filles des hommes étaient belles… »
Genèse 6:4 – « À cette époque-là, il y avait des géants sur la terre, et aussi après que les fils de Dieu se furent unis aux filles des hommes… »
Deutéronome 14:1 – « Vous êtes les enfants de l’Eternel votre Dieu. »
Job 1:6 – « Or, un jour, les fils de Dieuse rendirent au conseil de l’Éternel… »
Job 2:1 – « Un autre jour, où les fils de Dieu se rendirent au conseil de l’Éternel… »
Job 38:7 – « … quand les étoiles du matin éclataient, unanimes, dans des chants d’allégresse, et que tous les fils de Dieu poussaient des cris de joie? »
Philippiens 2:15 – « …pour être irréprochables et purs, des enfants de Dieu sans tache au sein d’une humanité corrompue et perverse. »
1 Jean 3:1-2 – « Voyez combien le Père nous a aimés pour que nous puissions être appelés enfants de Dieu! (…) Mes chers amis, dès à présent nous sommes enfants de Dieu. »
Dans Matthieu 5:9, Jésus dit : « Heureux ceux qui répandent autour d’eux la paix, car Dieu les reconnaîtra pour ses fils. » Plus loin, dans Matthieu 5:45, Jésus explique à ses disciples la façon d’acquérir de nobles qualités et ajoute : « Ainsi vous vous comporterez vraiment comme des enfants de votre Père céleste. » Notez qu’il ne dit pas mon Père (de façon exclusive), mais votre Père…