- par Bilal Philips
Description: La raison pour laquelle le concept de Dieu comme étant une partie de Sa propre création contredit le sens même du terme « Dieu » et vice versa
La question qui demeure est : Dieu s’est-Il incarné en homme? La réponse, évidemment, est non, car l’idée de Dieu devenant homme contredit le sens fondamental du terme « Dieu ». Les gens croient généralement que Dieu est capable de tout faire : lorsqu’Il souhaite faire une chose, Il est capable de la faire. Dans la Bible, il est écrit que : « … à Dieu, tout est possible ». (Matthieu, 19: 26; Marc 10: 27, 14: 36)
Le Coran, lui, affirme que Dieu :
« … a le pouvoir sur toute chose. » (Coran 2:20)
Et l’on retrouve, dans les écritures hindoues, des textes dont le sens est similaire.
Les textes de toutes les grandes religions contiennent des passages dont le sens général fait référence au concept d’omnipotence de Dieu. Il est plus grand que tout et tout Lui est possible. Pour traduire ce concept en termes pratiques, il faut d’abord identifier et comprendre les attributs fondamentaux de Dieu. La plupart des sociétés conçoivent Dieu comme un Être éternel, sans commencement ni fin. Si, sur la base du concept d’omnipotence, on posait la question à savoir si Dieu peut mourir, quelle serait la réponse? Comme mourir est un acte faisant partie de « toute chose », peut-on dire « Oui, s’Il le souhaite »? Bien sûr que non.
Il y a donc un problème, ici. Dieu est défini comme Être éternel, ce qui veut dire sans fin, tandis que l’acte de mourir est l’acte d’arriver à une fin. Par conséquent, poser la question à savoir s’Il peut mourir est insensé, car l’idée se contredit elle-même. De même, demander si Dieu peut naître est aussi absurde, car nous L’avons déjà défini comme éternel, donc sans commencement. C’est dans ce même esprit que les philosophes athées aiment bien demander aux croyants, pour les embarrasser : « Dieu peut-il créer une pierre si lourde qu’Il ne pourrait la soulever Lui-même? » Si le croyant répond par l’affirmative, cela signifie que Dieu peut créer quelque chose de plus grand que Lui. S’il répond par la négative, cela signifie que Dieu n’est pas « capable de toute chose ».
L’expression « toute chose » exclut donc, évidemment, les absurdités. Elle ne peut inclure des choses qui contredisent les attributs divins, qui Le rabaisseraient à un niveau inférieur, qui Le feraient, par exemple, oublier, dormir, se repentir, grandir, etc. L’expression ne peut inclure que toutes ces choses qui correspondent à Son statut de divinité. C’est ce que cela signifie lorsque nous disons qu’Il est « capable de toute chose ». On ne peut donc aborder cette expression dans son sens absolu.
L’idée selon laquelle Dieu se serait incarné en homme est tout aussi absurde. Il ne sied pas à Dieu de revêtir des traits humains, car cela signifie que le Créateur devient une partie de Sa création. La création est un produit de l’acte de créer du Créateur. Si le Créateur devient Sa création, cela revient à dire que le Créateur S’est Lui-même créé, ce qui est évidemment absurde. Car pour Se créer, il faudrait qu’Il soit d’abord inexistant; et s’Il est inexistant, comment peut-Il créer? De plus, s’Il était créé, cela signifierait qu’Il a eu un commencement, ce qui contredit le concept d’éternité. Par définition, la création doit être précédée de son créateur. Pour que les êtres créés existent, un créateur doit les amener à exister. Dieu ne peut avoir besoin d’un créateur, puisqu’Il est Lui-même le Créateur. Nous nous retrouvons donc devant une évidente contradiction dans les termes.
Dieu peut-Il devenir homme?
L’homme est un être fini. Il naît, puis il meurt. Ce sont là des caractéristiques qui ne peuvent être attribuées à Dieu, car elles Le rabaissent au niveau de Sa création. Par conséquent, Dieu n’est jamais devenu homme et ne le deviendra jamais. À l’inverse, l’homme ne peut, non plus, devenir Dieu. L’être créé ne peut devenir son propre créateur, car il y a eu un moment où il n’existait pas. Il est entré dans l’existence à travers l’acte de création d’un Créateur qui Lui, existait déjà. Ce qui est non-existant ne peut s’amener lui-même à exister.
Quant au concept selon lequel l’âme humaine serait d’essence divine, il ne sert à certains qu’à prétendre que l’homme peut devenir Dieu. C’est cette philosophie qui est à la base du mysticisme grec, chrétien et musulman, de même que de la théologie hindoue; elle étend l’attribut de divinité à tous les êtres humains et, vraisemblablement, à toutes les créatures vivantes. Elle part de la prémisse selon laquelle à un certain moment, dans l’histoire de l’univers, des parties de Dieu ont été recouvertes d’enveloppes matérielles et se sont retrouvées prisonnières de la terre. Autrement dit, ce qui était infini s’est retrouvé prisonnier du monde fini. Cette croyance, toutefois, fait en sorte que Dieu se retrouve avec certains attributs du mal et fait abstraction des notions de bien et de mal, de pureté et d’impureté. Lorsque l’âme d’un être humain souhaite commettre un tort et le fait par la permission de Dieu, un tel acte est mauvais et mérite un châtiment. C’est pourquoi le concept du karma fut inventé; on récolte ce que l’on sème. Le karma explique, par exemple, les souffrances et les épreuves difficilement explicables en prétendant qu’il s’agit d’une conséquence des mauvaises actions perpétrées lors d’une autre vie. Dieu finit toujours par châtier le mal commis par certaines parties de Lui-même se trouvant dans l’être humain. On oublie, ici, de souligner que si l’âme humaine possède une volonté indépendante de Dieu, elle ne peut donc être Dieu, ni une partie de Dieu.