par Aisha Stacey (© 2011 IslamReligion.com)
Description: Deux amis en danger placent leur confiance en Dieu.
Moins de trois ans séparaient le prophète Mohammed (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui) de son proche ami. Ils étaient tous deux nés au sein de la tribu de Qouraysh, mais dans des clans différents. Mais tandis que Mohammed vivait dans une pauvreté relative, Abou Bakr, lui, venait d’une famille aisée. Ils étaient tous deux dignes et calmes et jamais ils ne s’étaient, comme leurs semblables, livrés à l’idolâtrie. Quand le prophète Mohammed reçut la mission de transmettre le message de Dieu à l’humanité, le premier homme vers qui il se tourna fut son ami Abou Bakr. Sans aucune hésitation, celui-ci embrassa l’islam sur-le-champ et entama ainsi un parcours d’amour et de dévouement qui n’allait prendre fin qu’à sa mort.
Abou Bakr aimait profondément son ami et lorsque ce dernier lui dit que Dieu était unique, il accepta naturellement ce qu’il avait toujours cru au fond de lui. ‘Aisha, la fille d’Abou Bakr, rapporta que de toute sa vie, son père ne s’était jamais prosterné devant une idole. Abou Bakr lui-même relata qu’un jour, lorsqu’il était enfant, son père l’avait emmené dans un temple et l’avait laissé se promener parmi les statues. Il avait alors regardé les statues inanimées et leur avait demandé ce qu’elles pouvaient bien faire pour lui. Quand il vit qu’aucune ne répondait, il décida que jamais il n’adorerait quelque chose qui ne pouvait ni entendre ni voir. Il avait compris que les statues et les idoles ne méritaient nullement l’adoration que leur vouaient les hommes.
Parce qu’il aimait Dieu et qu’il soutenait Son messager, Mohammed, Abou Bakr fut souvent persécuté et sévèrement battu, dans les premiers jours de l’islam. La plupart des Mecquois ne pouvaient supporter d’entendre le message de Mohammed, qui les invitait à se réformer et qui les mettait en garde contre le Jour du Jugement. Ils se considéraient comme les défenseurs de l’idolâtrie et les pèlerins qui venaient rendre visite aux idoles de la Mecque et de ses environs leur rapportaient beaucoup d’argent. Ils savaient que si Mohammed réussissait à unir les gens dans l’adoration d’un Dieu unique, leur vie serait alors bouleversée et changée de manière irréversible.
La migration
À cause du mauvais traitement, de la torture et de la brutalité des Mecquois envers les nouveaux musulmans, Mohammed envoya plusieurs d’entre eux à l’extérieur de la Mecque pour leur propre protection. La deuxième vague de migration se fit en direction de Yathrib, qui allait plus tard être renommée Médine. Bien qu’on l’ait souvent vue comme une fuite, il s’agissait en réalité d’une migration soigneusement planifiée. En effet, deux tribus de Yathrib avaient négocié un traité avec Mohammed et lui avaient offert leur loyauté et leur protection; mais à ce moment-là, le Prophète n’avait pas encore reçu la permission de Dieu de quitter la Mecque. Il envoya cependant ses fidèles à Yathrib, mais par petits groupes, afin de ne pas éveiller les soupçons des Mecquois.
Un jour, dans la chaleur accablante du midi, le prophète Mohammed rendit visite à Abou Bakr. Les rues de la Mecque étaient désertes et Abou Bakr comprit tout de suite que Mohammed avait quelque chose d’important à lui dire, car c’était l’heure de la sieste pour tout le monde. Mohammed demanda à Abou Bakr d’éloigner les autres personnes de la maisonnée, car il souhaitait lui parler en privé. Abou Bakr répondit : « Ils font partie de ta famille » et Mohammed lui révéla alors que Dieu venait de lui donner la permission de quitter la Mecque. ‘Aisha relate que son père se mit à pleurer lorsqu’il apprit qu’il allait être le compagnon du Prophète durant tout le voyage. C’était une occasion, pour lui, de passer dix jours, seul, avec son ami le plus cher, dix jours et dix nuits à apprendre de lui. Il dit à Mohammed qu’il avait des chameaux déjà prêts à partir, car il avait lui aussi attendu avec impatience que cette permission soit octroyée. Cette nuit-là, les deux amis sortirent par la porte arrière et se mirent en route, dans la nuit noire du désert.
Les recherches
Quand les Mecquois réalisèrent que Mohammed avait quitté la Mecque, alors qu’ils complotaient pour le tuer, ils devinrent fous de rage. Des équipes de recherche se mirent immédiatement en route. Même s’ils étaient à peu près certains que Mohammed se dirigeait vers Yathrib, ils envoyèrent des soldats dans toutes les directions. Le prophète Mohammed et Abou Bakr passèrent trois jours cachés dans une grotte située au sud de la Mecque.
À un certain moment, une équipe de recherches passa si près de l’entrée de la grotte qu’Abou Bakr pouvait voir leurs souliers, au-dessus de lui. La crainte l’envahit, non pas pour lui-même, car c’était un homme courageux, mais pour son précieux compagnon. Il murmura : « Ô Messager de Dieu! S’ils regardent vers le bas, ils vont nous voir! » Mais Mohammed répondit: « Abou Bakr : que penses-tu de deux personnes dont Dieu est le troisième compagnon? » C’est suite à cela que Dieu révéla le verset coranique suivant :
« Si vous n’aidez pas (le Prophète), (alors sachez que) Dieu l’a déjà secouru quand les mécréants l’ont expulsé [après avoir expulsé son compagnon]. Quand ils se retrouvèrent dans la grotte, il dit à son compagnon : « Ne t’afflige pas, car Dieu est avec nous. » Dieu fit alors descendre sur lui Sa quiétude rassurante et l’assista de troupes (d’anges) invisibles à vos yeux. Il rabaissa ainsi la parole des mécréants, tandis que Sa parole eut le dessus. Et Dieu est Puissant et Sage. » (Coran 9:40)
Les Mecquois se tinrent à l’extérieur de la grotte, mais n’y pénétrèrent pas. Une araignée avait tissé sa toile d’un bout à l’autre de l’entrée de la grotte, ce qui fit croire que personne n’y était entré depuis longtemps. Abou Bakr comprit que la puissance de Dieu peut se manifester de manière tout à fait inattendue. En effet, une petite araignée ayant tissé sa toile déjoua une puissante armée. C’est ainsi que se déroula la migration de deux amis unis par leur affection pour la nation musulmane montante et fortifiés par leur amour pour Dieu, l’unique.