Abou Bakr, le véridique (partie 1 de 3) : Le premier

par Aisha Stacey (© 2011 IslamReligion.com)

Description: Un homme pieux embrasse l’islam et entre dans l’histoire.

« Si j’avais eu à choisir qui que ce soit comme meilleur ami, j’aurais choisi Abou Bakr; mais c’est mon frère et mon compagnon. »[1]  Telles sont les paroles du prophète Mohammed (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui) au sujet de celui qui fut son compagnon le plus proche.  On avait donné à Abou Bakr le surnom d’asSiddiq (le véridique).  Le terme arabe siddiq implique plus que l’absence de tromperie; il fait référence à une personne qui est dans un état constant de sincérité, qui reconnaît la vérité et qui y adhère.  Le terme implique également la sincérité envers soi-même, envers ceux qui nous entourent et, le plus important, envers Dieu.  Tel était Abou Bakr.

Le prophète Mohammed a démontré son amour et son respect profond pour Abou Bakr lorsqu’il a dit qu’il aurait aimé l’avoir comme meilleur ami.  Car en arabe, le terme utilisé pour meilleur ami, khalil, implique plus que de la simple amitié.  Il fait référence à une grande intimité et à un lien solide comme le roc, que rien ne peut rompre.  Le prophète Abraham était connu comme le khalil de Dieu et le prophète Mohammed réservait également ce terme pour décrire sa relation avec Dieu. Mais le lien qui l’unissait à Abou Bakr était très spécial.

Son histoire

Des hadiths et de l’histoire de l’islam, on apprend qu’Abou Bakr est né un peu plus de deux ans après le prophète Mohammed et qu’il est né, comme lui, au sein de la tribu de Qouraysh (mais d’un clan différent).  Sa famille était financièrement à l’aise et, à l’âge adulte, il devint un marchand prospère.  C’était un homme aimable et d’abord facile, qui jouissait d’un réseau social très étendu.

Il aimait beaucoup parler et discuter avec les gens autour de lui et il connaissait très bien la généalogie arabe.  Il connaissait le nom et l’emplacement de chaque tribu arabe et connaissait ses bons comme ses mauvais côtés.  C’est cette connaissance approfondie des peuples d’Arabie qui lui permit de créer des liens avec plusieurs d’entre eux et de jouir d’une grande influence sur la société mecquoise.

Quand le prophète Mohammed épousa sa première femme, Khadijah, lui et Abou Bakr devinrent voisins et se découvrirent de nombreux points en commun.  Tous deux étaient marchands et se faisaient un point d’honneur de procéder à leurs transactions commerciales avec la plus grande honnêteté et une intégrité irréprochable.

Ils se tenaient tous deux éloignés du vice et de la corruption qui prévalaient dans la société arabe préislamique et évitaient tous deux l’idolâtrie.  C’étaient des âmes sœurs et, entre eux, naquit une amitié qui allait durer jusqu’à leur mort.

Le premier

Abou Bakr as-Siddiq fut le premier homme à porter attention au message du prophète Mohammed et à embrasser l’islam (la toute première personne à embrasser l’islam fut Khadijah, l’épouse de Mohammed).  Lorsqu’il entendit Mohammed affirmer qu’il n’y a pas d’autre divinité méritant d’être adorée à part Dieu et qu’il était (lui, Mohammed) le messager de Dieu, Abou Bakr embrassa l’islam sans hésiter.  La grande majorité des gens qui découvrent l’islam ont un moment d’hésitation et de réflexion; mais pas Abou Bakr.  La douceur de la foi pénétra son cœur et, celui qui était connu comme « le véridique », reconnut la vérité immédiatement.

Au début, lorsque le message venait tout juste d’être révélé, c’est en secret que Mohammed invitait les gens, autour de lui, à embrasser l’islam.  Il savait que son message allait provoquer de vives réactions et un grand désarroi chez les Mecquois, qui étaient enlisés dans une profonde ignorance.  Il souhaitait d’abord établir un petit groupe de fidèles qui allaient, petit à petit, transmettre le message autour d’eux.  Lorsque les nouveaux musulmans furent au nombre de trente-huit, Abou Bakr confia à Mohammed qu’il souhaitait proclamer le message publiquement.

Mohammed refusa, jugeant leur nombre trop faible pour risquer une telle sortie publique.  Mais Abou Bakr n’eut de cesse d’insister, jusqu’au jour où Dieu ordonna à Mohammed de rendre public Son message.  C’est alors qu’Abou Bakr et lui se rendirent à la Ka’bah (la maison de Dieu, au centre de la Mecque).  Abou Bakr se leva, au milieu de la foule, et proclama, à voix haute : « Il n’y a pas d’autre divinité méritant d’être adorée à part Allah et Mohammed est Son serviteur et Son messager. »  Il fut ainsi le premier à parler d’islam ouvertement.

Lorsque le prophète Mohammed décéda, les musulmans furent terriblement dévastés et certains d’entre eux refusèrent même de reconnaître la vérité.  Bien qu’il fût lui-même accablé de chagrin, Abou Bakr sortit à l’extérieur et, après avoir loué Dieu, dit aux gens : « Quiconque adorait Mohammed, sachez que Mohammed est mort; mais quiconque adorait Dieu, sachez qu’Il est bien vivant et qu’Il ne meurt pas. »[2]  Puis il récita ces versets du Coran :

 « Certes, tu mourras (ô Mohammed) et ils mourront, eux aussi. » (Coran 39:30)

 « Mohammed n’est qu’un messager.  Avant sa venue, des messagers (comme lui) sont passés.  S’il mourait, donc, ou s’il était tué, feriez-vous marche arrière?  Celui qui se détourne (de l’islam) ne nuit point à Dieu.  Et Dieu récompensera ceux qui sont reconnaissants. » (Coran 3:144)

Lors de cette terrible épreuve, les musulmans en deuil choisirent Abou Bakr pour leader.  Il devint alors leur premier calife.

Le neveu du prophète Mohammed, Ali ibn Abou Talib, loua Abou Bakr pour avoir été le premier homme à embrasser l’islam et à accomplir de bonnes actions en étant musulman. [3]  Car en islam, la course aux bonnes actions est non seulement permise, mais encouragée.  Le prophète Mohammed a encouragé ses fidèles à se montrer indulgents dans les affaires de ce monde, mais à se faire concurrence, sainement, pour les bonnes actions menant au succès dans l’au-delà.  At-Tabarani, un historien musulman, a rapporté ainsi les paroles d’Ibn Abbas, un des proches compagnons du Prophète : « Abou Bakr (…) dépassait tous les compagnons du Prophète en piété et en vertu, en droiture et en ascétisme, et dans la confiance absolue qu’il avait en Dieu. »  Dans un autre hadith du Prophète, on apprend qu’Abou Bakr sera le premier à entrer au Paradis après les prophètes de Dieu.[4]  Le premier!


Footnotes:

[1] Sahih Al-Boukhari

[2] Sahih Al-Boukhari

[3] Ali ibn Abou Talib aux funérailles d’Abou Bakr.

[4] Abou Daoud.

Parties de cet article
https://siraj-islam.com/fr/abou-bakr-le-veridique-partie-1-de-3-le-premier/
https://siraj-islam.com/fr/abou-bakr-le-veridique-partie-2-de-3-nous-sommes-deux-et-dieu-est-notre-troisieme-compagnon/
https://siraj-islam.com/fr/abou-bakr-le-veridique-partie-3-de-3-le-protecteur/
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