- par Aisha Stacey (© 2012 IslamReligion.com)
Description: La religion dans l’Arabie préislamique.
Des gens mal informés font parfois référence à Allah en tant qu’interprétation moderne d’un ancien dieu-lune. Cette représentation erronée d’Allah est souvent accompagnée d’affirmations étranges selon lesquelles le prophète Mohammed (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui) aurait « ressuscité » ce dieu pour en faire le point central de l’islam. Il va sans dire que cela est totalement faux. Allah est Dieu, le Seul et l’Unique, le Très Miséricordieux. Allah est le Dieu d’Abraham, de Moïse et de Jésus.
« Nul ne doit être adoré à part Dieu. Certes, Dieu est Puissant et Sage. » (Coran 3:62)
Nous en savons très peu sur la religion des Arabes avant la venue du prophète Abraham. De nombreuses évidences indiquent qu’ils adoraient des idoles, des corps célestes, des arbres et des pierres, et que certaines de leurs idoles revêtaient des formes animales. Bien qu’un tout petit nombre de divinités, à travers la Péninsule arabe, aient pu être associées à la lune[1], il n’existe pas de preuve claire démontrant hors de tout doute que les Arabes adoraient un dieu-lune qui aurait été supérieur aux autres divinités.
Il existe cependant des preuves démontrant que le soleil, perçu comme une divinité féminine, était adoré à travers toute l’Arabie. Le soleil (Shams, en arabe), était vénéré par plusieurs tribus arabes, qui avaient érigé, en son honneur, des sanctuaires et des idoles. Au Nord, le prénom Amr-I-Shams, i.e. l’homme du soleil, était assez répandu. Et le prénom Abd-al-Sharq, i.e. serviteur de Celui qui ses lève », démontre bien à quel point ils adoraient le soleil.[2]
L’un des oncles du prophète Mohammed se prénommait Abdou-Shams (serviteur du soleil), de même que celui qu’on allait plus tard surnommer Abou Hourayrah, un grand érudit de l’islam et proche compagnon du Prophète. Quand il se convertit à l’islam, le Prophète changea son prénom officiel pour Abdourrahman (serviteur du Très Miséricordieux), mais les gens continuèrent de l’appeler par son surnom d’Abou Hourayrah (litt. Père de la petite chatte, car il avait une chatte à laquelle il tenait beaucoup et qui le suivait partout).
Les musulmans croient fermement que depuis le début de la création, Allah a envoyé des prophètes et des messagers pour guider l’humanité. Par conséquent, la religion première de l’humanité est une religion purement monothéiste, une religion de soumission à Dieu. Les premiers Arabes adoraient Allah, mais avec le temps, comme chez d’autres peuples, ils se mirent à inclure, dans leur adoration, toutes sortes de superstitions issues de leur imagination. Les raisons qui les poussèrent à ainsi corrompre la pureté de leur religion demeure un mystère, mais il est raisonnable de croire qu’ils sont tombés dans l’idolâtrie de la même façon que le peuple de Noé.
Les descendants du prophète Noé formaient une communauté unie, qui croyait en l’unicité de Dieu. Mais petit à petit, de la confusion et des idées erronées s’immiscèrent chez certains d’entre eux. Ceux qui suivaient toujours la bonne voie tentèrent de leur rappeler leurs obligations envers Dieu, mais au bout de quelque temps, le diable finit par en égarer plusieurs. Quand moururent les hommes vertueux, le diable suggéra aux gens d’ériger des statues à leur image, afin qu’elles leur rappellent leurs obligations envers Dieu.
Les gens se mirent donc à fabriquer des statues, qu’ils disposèrent chez eux ou dans leurs lieux de rassemblement, et le diable ne les laissa tranquilles que lorsque chacun d’entre eux eut oublié la raison d’être de ces statues. De nombreuses années plus tard, le diable se manifesta à nouveau, chez ce peuple, leur suggérant, cette fois, d’adorer directement les statues. Une narration authentique du prophète Mohammed (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui) résume ainsi les débuts de l’idolâtrie :
« Les noms (des idoles) appartenaient, au départ, à des hommes pieux du peuple de Noé. Lorsqu’ils moururent, le diable inspira aux gens de fabriquer des idoles à leur image, de les disposer aux endroits où ces hommes avaient l’habitude de s’asseoir et de leur donner leur prénom. C’est donc ce qu’ils firent, mais les idoles ne furent adorées directement que lorsque ceux qui avaient eu l’idée de les fabriquer moururent à leur tour. C’est alors que l’origine de ces idoles devint de plus en plus obscure pour ceux qui restèrent et ils finirent par les adorer comme telles. »[3]
Quand le prophète Abraham et son fils Ismaël reconstruisirent la Maison Sacrée de Dieu (la Kaaba), la plupart des Arabes se mirent à n’adorer qu’un seul Dieu. Mais au fil du temps, ils retombèrent dans leurs vieilles habitudes et se remirent à adorer des idoles. Il est clair, selon les historiens, qu’au cours de la période séparant la venue du prophète Abraham de celle du prophète Mohammed, la forme d’adoration pratiquée dans la Péninsule arabe était principalement l’idolâtrie.
Chaque tribu et chaque maison possédait des gravures et des statues. De plus, les Arabes croyaient fortement en la divination, utilisaient des flèches pour prédire l’avenir et procédaient à des sacrifices rituels, sur des animaux, au nom de leurs idoles. On rapporte que les principales idoles adorées par le peuple de Noé furent retrouvées, par les anciens peuples arabes, enfouies dans le sol de ce qui est aujourd’hui la ville de Jeddah, en Arabie, et furent distribuées parmi les tribus arabes.[4] Quand le prophète Mohammed revint, triomphant, à la Mecque, la Kaaba[5] contenait plus de 360 idoles différentes.
Les idoles les plus connues de l’Arabie préislamique sont Manat, al-Lat et al–Ouzza.[6] Il n’existe aucune évidence qui permettrait d’établir un lien entre ces idoles et un dieu-lune ou tout simplement la lune. Les Arabes adoraient ces idoles et les invoquaient pour qu’elles intercèdent en leur faveur auprès de Dieu. Mais à ce sujet, Allah dit, dans le Coran :
« Avez-vous considéré [les divinités] Al-Lat et Al-Ouzza, de même que cette autre, Manat, la troisième? Le garçon serait-il pour vous tandis que la fille serait pour Lui? Que voilà donc un partage injuste ! Ce ne sont que des noms inventés par vous et vos ancêtres, et Dieu n’a révélé aucune preuve à leur sujet. Ils ne font que suivre des conjectures et leurs propres passions alors que leur est venu, de leur Seigneur, [un message propre à] les guider. » (Coran 53:19-23)
Même au plus fort de leur paganisme et de leur polythéisme, les Arabes de l’ère préislamique n’invoquèrent jamais un dieu-lune (du moins, absolument rien ne le démontre). Génération après génération, et malgré leur idolâtrie, ils ne cessèrent jamais de croire en un Dieu supérieur unique, principal maître de l’univers (même s’ils nourrissaient un concept erroné de la croyance en Dieu). Ils étaient conscients de Ses bénédictions et de Son châtiment et ils croyaient au Jour du Jugement. D’ailleurs, plusieurs poètes de l’époque faisaient régulièrement référence à Allah, dans leurs écrits.
Nabigha, un poète connu du 5e siècle, a écrit : « J’ai prêté serment et je n’ai laissé aucun doute, car qui donc peut soutenir l’homme à part Allah. » Zouhair ibn Abi Salma, de son côté, confirme sa croyance au Jour du Jugement lorsqu’il écrit : « La vengeance peut se produire dans ce monde-ci également. » Par ailleurs, le Coran atteste également de la croyance en Allah chez les Arabes de l’ère préislamique :
« Si tu demandes [aux mécréants] : « Qui a créé les cieux et la terre, et soumis le soleil et la lune? », ils répondront certainement : « Dieu! ». Comment se fait-il qu’ensuite ils se détournent? Dieu dispense largement sa subsistance à qui Il veut, ou la restreint [à qui Il veut] parmi Ses serviteurs. Et Il est parfaitement informé de toute chose. Si tu leur demandes : « Qui fait descendre du ciel une eau par laquelle Il fait revivre la terre après sa mort? », ils répondront certainement : « Dieu! ». Dis : « Louange à Dieu! ». Mais la plupart d’entre eux ne raisonnent pas. » (Coran 29: 61-63)